Depuis quelques mois, un nouveau sigle est apparu dans le langage de l’enseignement supérieur : « LPPR ». Il signifie Loi Pluriannuelle de Programmation pour la Recherche. Il a fait l’objet de groupes de travail qui ont abouti à un certain nombre de constats mais aussi de craintes.

Pour la première fois, dans ces groupes de travail, le ministère reconnaissait une problématique sérieuse « d’attractivité », c’est à dire en langage courant, de rémunération, pour les personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche. Pour lui, c’est principalement les enseignant·es-chercheur·es et les chercheur·es qui sont concerné·es.
Mais dans le même temps, étaient évoquées des modifications possibles non seulement des obligations de service de ces personnels, mais aussi de leur mode de recrutement ou encore la création de nouveaux types de contrats tant pour les enseignant·es-chercheur·es et chercheur·es que pour les Biatss ou les Ita.

A la date de rédaction de cet article, les organisations syndicales n’ont toujours aucun document clair sur les projets du gouvernement… ce qui laisse libre cours à un certain nombre de rumeurs !
Une réunion bilatérale entre la FSU et le ministère a eu lieu le 17 janvier puis une multilaterale avec toutes les organisations syndicales le 22 janvier.
Lors de la multilatérale, la ministre a annoncé une première enveloppe d’amélioration des rémunérations des personnels de l’ESR d’un montant de 93 millions d’euros, principalement pour améliorer le régime indemnitaire des enseignant·es-chercheur·es et chercheur·es.
Par ailleurs les règles de reclassement des chercheur·es et enseignant·es-chercheur·es vont être normalisées, permettant de cumuler le meilleur de l’existant des deux dispositions… et d’améliorer leurs débuts de carrières. Ces mesures concerneraient dans une moindre mesure les Biatss.
En réponse aux expressions syndicales, la ministre et/ou la DGRH du ministère ont clairement affirmé que ces améliorations salariales étaient sans contrepartie : pas de modification des obligations de service ou des horaires des personnels biatss. Ce faisant ils indiquaient que les conclusions des groupes de travail précités ne les engageaient pas… On peut clairement supposer que la pression qui monte dans tous nos établissements a permis cette prise de distance relative !

Au moins deux gros sujets se trouvent à coup sûr dans les textes en préparation.

D’une part la création de tenure track qui sont des recrutements sous contrats de professeurs des universités ou des directeurs de recherche pendant 6 ans, avant de les « titulariser » s’ils ont donné satisfaction… On serait donc sur une « période d’essai » de 6 ans, ce qui est évidemment problématique. Cela revient aussi à contourner les règles de recrutement statutaires habituelles (commission de spécialiste, qualification…). Enfin ces recrutements pourraient se voir adjoindre des moyens conséquents en terme d’environnement de travail (recrutements biatss, post-doc, crédits de fonctionnement…) affectés et flêchés par le ministère. De l’aveu même de la ministre, cette attribution fixe de moyens à un nouveau recruté est contradictoire avec l’ambition de parvenir à la définition de politiques scientifiques (collectives) de laboratoires censés guider l’attribution de crédits.

D’autre part la création de CDI de projet qui pourraient avoir une durée jusqu’à 12 ans. Ils pourraient concerner des missions « recherche » mais aussi des missions « support » en lien avec les projets de recherche. à ce stade, aucune limitation en termes de type de métiers ou de fonction n’est prévue pour les profils BIATSS/ITA. En revanche le ministère annonce une prime de départ anticipé si l’établissement met fin de manière prématurée au contrat… sans plus de précision à ce stade.
Ces deux dispositifs risquent clairement d’accentuer le précarité dans l’ESR, qui n’en a pourtant pas besoin (voir ci-après).
Ce projet, à ce stade, fait plus penser à un projet de Loi Pour la Précarité dans la Recherche qu’à autre chose. La mobilisation des laboratoires et des universités qui débute est absolument nécessaire pour gagner une loi positive pour la recherche de notre pays.