Journées Intersyndicales Femmes
FSU, Union syndicale Solidaires, CGT
25 et 26 mars 2013

Plus de 400 participant-es ont participé à ces deux journées qui se sont déroulées à la Bourse du Travail de Paris.

 Compte rendu ICI

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Au programme :

 Femmes et impacts des politiques d’austérité en Europe

 Corps, images de soi, publicités sexistes

 Stéréotypes et freins à l’égalité professionnelle

 Femmes face à l’extrême droite en Europe

Femmes et impacts des politiques d’austérité en Europe

C’est avec une présentation de la situation au Portugal par Magda Alves (Marche mondiale des femmes, Portugal) qu’a débuté le premier thème, avec le rappel de chiffres significatifs : la dette représente 123% du PIB ; taux de chômage prévu cette année : 18,2%, les femmes étant les plus touchées ; SMIC à 485 € brut.
Sia Anagnostopoulou (professeure, Université Panthéon Athènes) a continué par la situation tout aussi désastreuse en Grèce où l’on peut parler de crise humanitaire tant la population vit dans la peur : SMIC à 400 € brut, baisse de 50% des salaires, réforme du secteur public principalement dans la santé et l’éducation, là où une majorité de femmes travaillent : réforme qui se conclut bien souvent par un licenciement ! Le droit à la retraite a été rallongé de 10 ans, il faut donc travailler 10 ans de plus mais il n’y a pas de travail ! Les immigrés sont totalement en marge de la société et vivent sans aucune protection (l’hôpital public est réservé aux Grecs). Cet exposé nous a fait bien prendre conscience de la destruction totale de la cohésion sociale grecque.
Esther Jeffers (économiste, ATTAC France) a conclu cette première partie en rappelant l’austérité généralisée dans l’Union européenne, l’augmentation de la pauvreté, de la précarité, du chômage, l’érosion du pouvoir d’achat. Et par quelques chiffres concernant la situation des femmes en France : 57% des allocataires du RSA sont des femmes ; 8.6 millions de personnes en France vivent sous le seuil de pauvreté, dont 4.7 millions de femmes.

Corps, images de soi, publicités sexistes

Ce deuxième thème a commencé avec un point sur les différences de postures, de vêtements entre les femmes et les hommes, fait par Christine Bard (historienne, professeure d’histoire contemporaine, Université d’Angers, et auteure, notamment, de « Ce que soulève la jupe : identités, transgressions, résistances » et « Une histoire politique du pantalon »). Nous avons donc eu un exposé, suivi d’un débat, sur les différences vestimentaires imposées et sur l’histoire du pantalon qui représente le pouvoir. C. Bard a expliqué qu’alors que les hommes de l’Ancien Régime rivalisaient d’élégance tout comme les femmes, à partir du 19e siècle est apparue l’homogénéisation parmi les hommes au nom des valeurs de la révolution « liberté-égalité-fraternité ». Les femmes, elles, sont laissées dans l’ancien régime. Il est interdit aux femmes de s’habiller en homme, et donc en « vêtements fermés », sauf sur avis médical. Le pantalon pour femmes a été créé par des communautés socialistes aux USA mais il n’est pas apprécié par toutes car il néglige leur pouvoir de séduction. Beaucoup de femmes sont attachées à l’érotisation du vêtement qu’on ne peut réduire à un assujettissement. Faudrait-il renoncer à la richesse des costumes féminins et prôner l’homogénéité de ceux des hommes ? Christine Bard propose la défense de la jupe pour tous et toutes pour que la référence soit le modèle féminin, beaucoup plus varié. Les fonctions du vêtement étant la protection, la pudeur et la parure, il faut mettre en avant le droit à la parure pour tous.

Ensuite, deux des auteures de « Contre les publicités sexistes », Sophie Pietrucci et Aude Vincent, ont présenté un panel de publicités sexistes que l’on peut voir en 2mx2m dans le métro parisien par exemple : on constate que l’homme est toujours mis en valeur (ex. : musculature) et que la femme est trop souvent un objet (ex. : tête coupée, posture de soumission).
Mais la présentation aurait gagné à faire état des actions réalisées pour lutter contre ces publicités, comme cela a été fait parmi l’auditoire. Par exemple une participante, élue territoriale, mentionnait qu’il était possible d’interdire par arrêté certaines publicités.

Stéréotypes et freins à l’égalité professionnelle

La seconde journée a débuté avec l’intervention de Caroline de Haas (fondatrice de « Osez le féminisme », conseillère en charge des politiques féministes au Cabinet de la ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem) et l’exemple de la sensibilisation faite aux ministres, pour que la question des droits des femmes devienne un sujet réellement interministériel et ne reste pas cantonné à un seul ministère.
La convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif a été remise à jour pour 2013-2018 (ICI). Concernant notamment l’éducation sexuelle, il est désormais question du plaisir sexuel et non plus seulement des risques et des violences, même si ces sujets gardent évidemment toute leur importance.
Caroline de Haas est revenue sur les différences de salaire entre les hommes et les femmes (27%) et sur les différences particulièrement visibles dans le monde politique : les femmes politiques ont moins de prises de paroles en réunion et moins de passages dans les médias que les hommes politiques ; remarquons que 100% du temps de parole d’un homme politique concerne ses activités politiques, tandis qu’une femme politique est toujours confrontée à des questions personnelles, sur « comment concilier vie de famille et vie politique », etc.
Cette présentation a été suivie d’interventions de représentantes de chaque syndicat présent qui ont abordé le sujet des stéréotypes à l’école ou dans les entreprises telles que La Poste et la SNCF.

Femmes face à l’extrême droite en Europe

Le dernier thème pour conclure ces Journées intersyndicales Femmes était « Les femmes face à l’extrême droite ». Sylvain Crepon (sociologue, Université Paris-Ouest-Nanterre, auteur du livre « Enquêtes au cœur du nouveau Front national »), a rappelé que dans les années 1990, au temps de Jean-Marie Le Pen, les électeurs du Front national étaient majoritairement des hommes. Depuis l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti, il y a autant de femmes que d’hommes qui votent Front national. Marine Le Pen est plus ambiguë sur le sujet des femmes et s’exprime devant ces dernières de manière plus rusée (elle ne parle pas de « femmes au foyer » mais de « pouvoir élever ses enfants », dit ne pas vouloir revenir sur la loi Veil mais prône le non remboursement de ce qu’elle appelle les IVG « de confort »). Pour autant rien n’est dit dans le programme du FN sur l’amélioration de la condition des femmes.
Selon les enquêtes réalisées parmi les militantes, il apparaît que les nouvelles générations de femmes du FN, qui ont bénéficié des acquis des luttes féministes, ne veulent pas le reconnaître ou même ne le perçoivent pas.

Le documentaire visionné juste avant l’intervention de Sylvian Crepon montrait justement le portrait de femmes à la tête de partis d’extrême droite : « Populisme au féminin », documentaire de Hanna Ladoul, Marco La Via et Matthieu Cabanes, retrace le portrait de ces femmes dans différents pays d’Europe :

  Pia Kjaersgaard, présidente du « Dansk Folkeparti » – Danemark

  Céline Amaudruz, présidente de l’Union Démocratique du Centre du Canton de Genève – Suisse

  Anke Van Dermeersch, sénatrice, parti nationaliste flamand – Belgique

  Krisztina Morvai, députée européenne, parti du Jobbik – Hongrie

  Marine Le Pen, présidente du Front national – France

Toutes ces femmes se disent populistes et n’utilisent jamais le terme d’extrême droite. Leurs préoccupations sont les mêmes : l’immigration, sortir de la zone euro et revenir à une monnaie nationale, le déremboursement des IVG, etc. Elles se disent toutes douces et généreuses, entendons bien que leur générosité s’arrête à la frontière de leur pays !

C’est sur ce sujet qu’ont pris fin ces journées de formation, organisées chaque année depuis 1998 par l’Intersyndicale femmes FSU-Union syndicale Solidaires-CGT. Rendez-vous est déjà pris pour l’année prochaine !

Virginie Kilani et Emmanuelle Sruh

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