Résumé des épisodes précédents…
L’histoire de la filière documentaire du MEN est celle d’une longue perte de substance.
A l’origine constituée de trois corps (Secrétaires de documentation – SD – en catégorie B, Documentalistes et Chargés d’études documentaires en A), elle s’est réduite à deux en 1996, après la fusion des corps de documentalistes et CED, puis à un seul après la mise en extinction du corps des Secrétaires de documentation, intégré dans celui des Techniciens de recherche et formation.
En guise de filière ne subsiste donc plus que le corps des CED, réduit à une cinquantaine de collègues au ministère de l’Education nationale, pour les trois quarts en fin de carrière.
Chronique d’une mort annoncée…
Cet unique corps est aujourd’hui frappé de mise en extinction par le MEN, qui affirme ne plus vouloir procéder à des recrutements dans ce corps.
Si le corps en question est interministériel (MEN-MCC, géré par le Ministère de la Culture), cette mesure ne concerne que l’Education nationale, la Culture n’envisageant pas la suppression de ce corps, pour lequel elle recrute.
Evidemment, et conformément à la tradition bien établie – dite du « dialogue social zéro »-, cette décision a été prise sans la moindre concertation, ni la moindre consultation des organisations syndicales représentatives.
Une agonie sans fin ?
L’expérience des SD a montré ce qui résultait d’une mise en extinction par la stratégie du « garrot » : arrêt du recrutement et suppression des postes au fil des retraites ou départs aboutissent inévitablement à un blocage généralisé des carrières (puisque ce sont les postes de débouché qui disparaissent), ainsi qu’à un quasi blocage des personnels sur les postes qu’ils occupent.
On peut au passage s’étonner que le même ministère qui décidait en 2002 de revitaliser ce corps en reprenant le recrutement (premier concours depuis … 10 ans) décide aujourd’hui de le supprimer… au grand dam des collègues récemment recrutés.
Le Ministère de la Fonction publique incitant à la réduction du nombre des corps de fonctionnaires, le MEN obtempère… à bon compte en quelque sorte, vue la taille du corps considéré. C’est pourquoi l’hypothèse d’un nouveau départ pour ce corps peut difficilement être sérieusement envisagée.
Restent donc les différentes hypothèses d’intégration dans un autre corps.
IGE, BAP F et toutes ces sortes de choses…
Si certaines solutions individuelles sont possibles (détachement chez les Bibliothécaires pour les CED de classe normale, mutation sur les postes de la Culture très improbable en ces périodes de RGPP – accès au corps interministériel des CED), c’est bien évidemment en terme de corps qu’il faut raisonner, en veillant bien à ne pas laisser les jeunes collègues livrés à eux-mêmes.
La nécessaire préservation de l’identité professionnelle exclut l’intégration chez les AAENES (attachés), qui présenterait un maigre avantage en terme d’indice et de débouchés, mais interdirait de fait toute mutation.
La structure du corps des bibliothécaires interdit toute intégration des CED (pas de grade de principaux).
C’est pourquoi la CAN du SNASUB, dans sa réunion du 10 septembre, a estimé que l’intégration dans le corps des IGE représenterait un progrès par rapport à la situation actuelle et serait donc une hypothèse raisonnable.
En effet, l’accès au corps des Ingénieurs d’études (6000 collègues, dont 15% dans la BAP F – Information, documentation, Culture, Communication, Edition, TICE) permet de maintenir l’identité professionnelle et offre des avantages en terme de reclassement et de débouchés (existence d’un grade de débouché –IGR- et absence d’examen professionnel), ainsi qu’un meilleur régime indemnitaire.
A suivre…
Au-delà de l’aspect apparemment « anecdotique » de la disparition d’un corps manifestement passé sous la
« masse critique », se pose la question des suppressions / fusions de corps, qui représente une tendance lourde du Ministère de la Fonction publique : celui-ci envisage la possibilité de remplacer les centaines de corps actuels par quelques dizaines de « cadres statutaires ».
Nous aurons donc prochainement l’occasion de rouvrir ce dossier.
Yves Limousin