Commission administrative nationale des 12 et 13 novembre 2014
Un budget d’austérité inacceptable : Un de plus !
Un exercice budgétaire tout entier tourné vers la réduction de la dépense publique
Le projet de Loi de finances 2015 ne rompt pas avec l’orientation d’austérité qui caractérise la politique du gouvernement depuis la publication à l’automne 2012 du rapport Gallois sur la « compétitivité française ». Celui-ci a constitué l’inspiration du « pacte de compétitivité », puis du « pacte de responsabilité[1] » dont les objectifs principaux sont de diminuer les dépenses publiques au profit d’un allègement de « charges » et de cotisations sociales pour les entreprises, notamment par le biais du crédit d’impôt compétitivité-emploi.
Cette politique fut un temps contrebalancée par la promesse d’une réforme fiscale. Cette dernière a désormais disparu des écrans-radars de la politique du gouvernement. De ce point de vue, le projet de Loi de finances 2015 se traduit par des baisses de recettes fiscales (tous « prélèvements obligatoires » confondus), intégrées comme régulières et constantes sur la programmation triennale. Ainsi, une baisse régulière de 0,1 point de PIB des « prélèvements obligatoires » est annoncée comme devant être réalisée chaque année d’ici 2017. Dans le même temps, une baisse des dépenses publiques est programmée sur la même période : 0,4 point en 2015, 0,6 en 2016 et 1 en 2017.
Un projet de Loi de finances défavorable aux budgets sociaux, aux services publics et aux agents publics
Ces deux éléments structurants de la politique budgétaire du gouvernement se nourrissent l’un l’autre : celui-ci baisse les « prélèvements obligatoires » pour justifier la réduction des dépenses publiques. Dit autrement, c’est pour répondre aux exigences patronales de retrouver des « marges » que le gouvernement s’entête à baisser la dépense publique alors même que les effets sociaux de la crise nécessiteraient au contraire un investissement dans la fonction publique, les services publics et les politiques sociales et d’emploi d’une manière générale. En conséquence, les pertes désormais vertigineuses de pouvoir d’achat fragilisent les conditions de vie des agents publics et des pensionnés les plus paupérisés : la colère qui monte dans les services et établissements en témoigne quotidiennement.
De ce point de vue, la poursuite de cette politique (ou de cette non-politique) salariale fondée sur le gel de la valeur du point d’indice relève simplement du scandale et est illustrative (en l’absence notamment de recréations significatives de postes dans la majorité des secteurs de la fonction publique) du refus gouvernemental d’envisager la rupture nécessaire avec la RGPP de ses prédécesseurs.
Les pertes de pouvoir d’achat cumulées ces dernières années pour les agents publics, actifs et retraités, deviennent vertigineuses. Comparé à l’inflation, le décrochage du traitement indiciaire par rapport à l’évolution des prix depuis 2007 s’élève à l’équivalent de plus d’un mois de salaire par an.
S’agissant des pensions de retraite, parce qu’elles sont un salaire continué, nous revendiquons le retour de leur indexation sur les salaires et non plus sur les prix.
Dans sa course folle à la réduction des déficits publics, abdiquant devant toute perspective de recherche de recettes nouvelles (exit donc la réforme fiscale), le gouvernement a ouvert une brèche dans le principe d’universalité hérité du programme du Conseil national de la Résistance en ouvrant la perspective de soumettre les allocations familiales à des conditions de revenu.
Pour les agents publics, une telle mesure pourrait avoir une conséquence en chaine sur le supplément familial de traitement. Elle témoigne à elle seule de la menace que l’austérité fait peser sur le modèle social français. La fonction publique, les services publics et leurs agents sont aujourd’hui les victimes de cette politique.
Sur la programmation triennale 2015-2017, le gouvernement table sur un retour de la croissance à hauteur de 1% en 2015, 1,7% en 2016 et 1,9 % en 2017. Dans le même temps, il envisage une évolution de la dépense publique de 0,2% en 2015, de 0,5% en 2016 et nulle en 2017. Ce sont ces deux prévisions qui l’amènent à pronostiquer la satisfaction du critère des moins de 3% de déficit public (le chiffre de 2,8 est avancé) pour la fin du quinquennat.
Un tel pronostic oublie purement et simplement les effets de contractions de l’économie réelle que l’austérité et l’approfondissement du chômage et de la crise qui en découle, engendrent. Jamais les risques de déflation n’ont pourtant été si présents.
La courbe en augmentation du chômage suffit à elle seule à démontrer l’inconséquence de cette politique de cadeaux aux entreprises censés les soutenir dans la création de nouveaux emplois. Et s’il fallait une démonstration de plus, révélatrice de la réalité de l’affrontement social et idéologique que le Medef mène, les dividendes versés aux actionnaires, en augmentation de 30,3 % en 2014, constituent une illustration supplémentaire.
Répartir les richesses autrement pour préserver et améliorer nos conditions de vie et de travail : il faut gagner la satisfaction des revendications
Pour faire face à l’offensive redoublée des tenants de l’austérité, le SNASUB-FSU avec la FSU, hier comme aujourd’hui, défend une perspective qui vise à redistribuer davantage la richesse produite pour répondre aux besoins sociaux et non en fonction des seuls intérêts immédiats, des seuls appétits du monde de la finance et des actionnaires. Le financement de notre modèle social, des services publics et d’une fonction publique renforcés, au plus près des citoyens, avec des personnels aux carrières revalorisées (voir nos revendications pour l’amélioration de nos conditions de vie et de travail), nécessite une réforme fiscale ambitieuse, fondée sur les principes de justice sociale et d’égalité. Il faut également mettre fin aux dispositifs d’exonérations de cotisations et de « charges » qui affaiblissent la protection sociale dans son ensemble.
Dans ce contexte, notre syndicalisme doit proposer à la fois des revendications concrètes et des rendez-vous de mobilisations. Nous devons rassembler les personnels de nos professions, les convaincre de « ne rien lâcher » sur le plan revendicatif, d’être au contraire offensifs. A l’opposé de tout renoncement fataliste, sans jamais laisser s’exprimer sans réaction les poncifs et idées reçues anti-services publics ou anti-fonctionnaires, nous devons développer une orientation syndicale offensive, cherchant à chaque occasion à construire l’unité la plus large.
Il s’agit de mener le débat et l’action à l’échelle de l’ensemble de nos filières et au sein du mouvement syndical, parfois dans la confrontation d’orientation.
L’austérité se heurte de front aux revendications de rupture avec la logique libérale, aux revendications sociales, mais également environnementales ou d’aménagement du territoire au service des populations. L’austérité est si illégitime qu’elle engendre des mobilisations de résistance et de refus. Ces mouvements sociaux sont durement réprimés et les violences policières s’accroissent. A Sivens, Rémi Fraisse a été tué. Le SNASUB-FSU demande à ce que toute la lumière soit faite sur les circonstances et les causes de ce décès, et que les responsables soient traduits en justice pour en répondre.
La Loi de finances 2015 dans nos secteurs
A l’heure de la réunion de la commission administrative nationale du SNASUB-FSU est réunie, les crédits de la mission enseignement scolaire et de la mission recherche et enseignement supérieur ont été votés à l’Assemblée nationale.
Dans l’enseignement scolaire
Le budget global de la mission enseignement scolaire (MIES) augmente de 2,4 % par rapport à l’an dernier pour atteindre 65,02 milliards d’euros. En 2015, 100 créations de postes administratifs sont prévues en EPLE sur le budget opérationnel de programme (BOP) « second degré ».
Dans l’enseignement scolaire la revalorisation des grilles de la catégorie C et du bas celle du premier grade de la catégorie B est chiffrée à 5,8 millions d’euros pour le BOP 141 « second degré » et à 3,7 millions pour le BOP 214 « soutien à la politique éducative » (33 000 ETP concernés). La poursuite de la mise en place du GRAF pour la catégorie A est budgétisée en mesures nouvelles pour 110 000 euros en 2015 sur le BOP 141 et à 70 000 euros sur le BOP 214 (100 ETP concernés). Le budget indemnités (IAT, IFTS, PFR, PPRS) est de 141,1 millions d’euros pour le BOP 141 et de 135,1 millions d’euros pour le BOP 214.
Pour le SNASUB-FSU, les éléments budgétaires prévus par le gouvernement sont insuffisants pour répondre aux nécessités de créations de postes, de revalorisation des carrières et des rémunérations (incluant une politique de requalification des postes et la promotion des personnels).
L’urgence sociale vécue par de plus en plus de collègue de nos filières à bas salaires mérite autre chose que des coups de communication, lesquels ne sauraient être qu’indignes, sinon méprisants.
Dans l’enseignement supérieur et la recherche.
Alors que l’austérité qui gangrène les budgets des établissements d’enseignement supérieur, notamment par l’insuffisance de la dotation pour financer la masse salariale depuis le passage aux responsabilités et compétences élargies, le budget de la mission recherche et enseignement supérieur (MIRES) n’augmente que de 0,2 % par rapport à 2014 pour s’établir à 23,05 milliards d’euros. A titre de comparaison, l’indice des prix à la consommation en 2014 est estimé par l’INSEE en progression de 0,3 %. Le ministère serait donc mieux inspiré d’assumer une baisse, certes relative, mais néanmoins objective du budget de l’ESR.
A l’instar des années passées, 1 000 postes sont annoncés comme devant être créés dans l’enseignement supérieur et la recherche. Au regard du ridicule de l’augmentation de budget annoncée, ceux-ci risquent bien de ne jamais voir le jour, sinon de rejoindre les quantités de postes déjà gelés.
Le SNASUB-FSU, le SNCS-FSU et le SNESup-FSU ont dénoncé (par communiqué commun) le pseudo-chantage auquel s’est livrée la Conférence des présidents d’université (CPU) en agitant le chiffon rouge de ne pas pouvoir payer les salaires en décembre.
La baisse de près de 2 millions d’euros annoncée pour le budget de l’action « bibliothèque et documentation » (après les 300 000 de l’an dernier) interpelle. Une telle baisse tend à ramener le budget de cette action au niveau de 2012. Le SNASUB-FSU mobilisera la profession pour défendre les moyens de fonctionnement et les postes. Cette baisse intervient à un moment où le ministère a conclu un marché public sur la diffusion éditoriale des productions scientifiques qui revient à faire payer deux fois la publication des recherches.
Sur les pensions et la protection sociale
La pension de retraite ne saurait être une variable d’ajustement de la politique d’austérité, c’est pourquoi nous nous opposons :
au gel des pensions jusqu’au 1er octobre 2015,
au prélèvement de la CASA (contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie) de 03,%,
à la suppression de la demi-part et à la fiscalisation de la majoration pour trois enfants et plus, et d’une manière générale à la régression de la protection sociale et à l’accès aux soins qui touche notamment les retraités.
Quant au projet de loi sur le vieillissement de la société, il a été vidé en partie de son contenu positif avant même son examen au parlement.
Il faut dénoncer les campagnes qui tentent d’opposer actifs et retraités, alors que les revendications des uns et des autres sont convergentes pour s’opposer à l’austérité qui leur est imposée.
Contre l’austérité ambiante, pour défendre nos conditions de vie et de travail, continuons de porter haut les revendications : un SNASUB-FSU rassembleur et à l’offensive !
Dans ce contexte, et soucieux de ses responsabilités de combattre tout ce qui fait le lit de la désespérance et de sa traduction dans les tentations de repli, le SNASUB-FSU décide d’adresser une lettre ouverte à la ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche pour, exprimer la colère des collègues à l’annonce de l’aumône indemnitaire sur laquelle elle a cru bon de faire un coup de communication.
En réponse à sa lettre exposant la revalorisation indemnitaire 2014 adressé aux agents publics à la mi-octobre, il s’agit de dire pourquoi les mesures prises ne sont en rien de nature ni à préserver notre pouvoir d’achat, ni à même de reconnaître notre investissement professionnel quotidien au service du public. Ce courrier portera également l’exigence de requalification la plus large possible et demandera l’ouverture de groupes de travail -ministériel dans un premier temps – pour y défendre des critères nationaux devant déterminer la mise en œuvre des conclusions du chantier métiers « personnels administratifs ».
Il s’agit pour le SNASUB-FSU d’éviter que des pratiques académiques ou des choix arbitraires qui ont présidé au premier travail de cartographie des emplois réalisés par les académies, transforme les requalifications en élément de division de nos professions.
Dans le même temps, nous participons aux réunions ministérielles, fonction publique, éducation nationale, enseignement supérieur et recherche ou culture pour y porter et défendre les revendications, informer nos collègues des discussions, des orientations et des mesures envisagées par le gouvernement. Nous chercherons à réunir les conditions pour la mobilisation de nos professions, susceptible de faire avancer les revendications ou d’empêcher de nouveaux reculs.
Concernant la bataille contre l’austérité, celle-ci devra passer par un large mouvement dans la société qui traduise le refus massif des politiques qu’elle inspire et des reculs qu’elles engendrent. Des initiatives sont prises, comme le 15 novembre prochain, à l’appel des collectifs anti-austérité (« AAA : alternative à l’austérité »), et qui ont le mérite de mobiliser contre l’austérité. Le SNASUB-FSU contribuera au débat dans le mouvement syndical pour construire un front syndical uni le plus large possible sur cette question. Il est décisif que le syndicalisme prenne une place essentielle dans le mouvement social de refus de l’austérité.
En termes d’action, le SNASUB-FSU s’inscrit pleinement dans les actions intersyndicales du 18 novembre, à l’appel de la FSU, de la CGT, de la FA-FP et de Solidaires, pour la défense de l’emploi public et des salaires.
Le SNASUB-FSU participera à la semaine d’action de la FSU du 17 au 22 novembre, notamment en assurant une présence du plus grand nombre de militant-e-s possible au meeting du samedi 22 novembre à Paris.
Traduire dans les élections professionnelles notre volonté de rassembler les personnels de nos filières et défendre les revendications avec plus de force encore : place à la campagne de terrain du SNASUB-FSU et de ses équipes !
Après des semaines de travail et d’investissement à tous les niveaux du syndicat pour assurer la présence des candidat-e-s du SNASUB-FSU et la présentation de nos militant-e-s sur les listes des comités techniques et des commissions paritaires, le court moment qui nous sépare du début des opérations de vote le 27 novembre prochain s’avère décisif.
Pour nous, l’objectif doit être de nous rapprocher encore davantage de la profession pour la rassembler et faire avancer les revendications : tout faire pour que tous nos collègues accèdent à notre propagande électorale, nationale, académique, locale ET soient informés de l’ensemble de nos candidatures, nationales, académiques et locales…
[1] Le pacte de responsabilité n’a recueilli l’aval que de trois confédérations syndicales : la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC.
Documents relatifs à l’article
Lettre du Secrétariat national Novembre 2014