Communiqué du SNASUB- FSU, 2 mars 2010
Si, pour le SNASUB-FSU, il faut absolument améliorer les différents services proposés aux usagers des bibliothèques universitaires et faire en sorte que celles-ci soient tournées vers les étudiants, la recherche, la pédagogie, les nouvelles technologies, etc, cela ne pourra se faire sans les indispensables créations d’emplois que nous réclamons depuis des années. Or les mesures annoncées par le ministère sur l’élargissement des horaires d’ouverture ne vont pas du tout dans ce sens. L’Etat se contente de se défausser sur les universités rendues autonomes par la loi LRU, qui devront désormais se débrouiller, dans le cadre de leur plafond d’emplois, pour trouver le financement de ces extensions d’horaires.
La mesure-phare de ce plan est l’extension des horaires d’ouverture de 200 bibliothèques à 65h par semaine et jusqu’à au moins 20h le soir dès les prochaines vacances de Pâques. Mais, concrètement, ce sont les universités qui devront en improviser la mise en œuvre, dans des délais très courts et avec des moyens supplémentaires dérisoires.
Si la ministre semble enfin avoir compris que le service en bibliothèque n’est pas un job à confier à des étudiants en lieu et place de bourses d’études mais bien une mission pérenne réalisée par des personnels qualifiés, fonctionnaires de l’Etat, elle ne propose que le financement d’heures supplémentaires à des fonctionnaires qui revendiquent la nécessaire augmentation de leurs salaires.
La mesure qui serait destinée à offrir aux étudiants plus d’ouvrages en accès libre grâce au développement du numérique peut impressionner par son budget (750 M€, à comparer avec l’unique M€ destiné aux extensions des horaires d’ouverture). Cependant elle ne fait référence qu’aux collections patrimoniales. Or les étudiants ont besoin de manuels et les chercheurs ont besoin de l’information scientifique et technique la plus récente. A ce titre, nous attendions plutôt de la part du ministère une annonce relative aux licences nationales pour l’accès aux ressources électroniques. Par ailleurs, cette opération sera financée par le grand emprunt qui ne prévoit pas le libre accès aux fonds numérisés mais des services essentiellement payants assurés par des opérateurs privés. Les établissements devront donc payer des licences d’accès pour leurs usagers : avec quels moyens ?
Le renforcement de la politique documentaire ne saurait reposer sur le travail de l’AERES qui a montré sa capacité à évaluer de manière caricaturale le travail des chercheurs ou la qualité des revues scientifiques. Cela ne saurait en outre être présenté comme une innovation alors que l’Inspection Générale des Bibliothèques exerce déjà cette mission de contrôle et d’évaluation.
Pour le reste, on nous parle de « cohérence nationale » et de « mutualisation » dans un espace où la concurrence de tous contre tous devient la règle avec la mise en œuvre de la loi LRU.
Enfin, la plupart des actions et les moyens alloués à ce plan ne concernent que les futurs campus dits « d’excellence » déjà destinataires de la plupart des budgets relatifs aux opérations de « modernisation » de l’enseignement supérieur, instaurant de fait un système à deux vitesses. Les étudiants qui n’habitent pas dans les grandes agglomérations abritant ces pôles ne pourront pas profiter de ces mesures. Autant d’exemples d’une conception pour le moins curieuse « de l’égalité des chances » que Mme Valérie Pécresse vient à nouveau de promouvoir dans les médias à grand renfort de publicité.
Le SNASUB-FSU continue à revendiquer une authentique amélioration des services publics, dans les Bibliothèques comme ailleurs, ainsi qu’une amélioration des conditions de travail des personnels, ce qui rend indispensable des créations d’emplois de titulaires d’état.
Par ailleurs, toute extension d’horaires d’ouverture doit répondre aux besoins réels des usagers identifiés au cas par cas et non à un simple besoin d’effet d’annonce du ministère.