Dans son désormais fameux rapport de février 2008, la Cour des Comptes souligne « les défaillances et insuffisances dans la fonction comptable des EPLE ». Elle appelle de ses vœux une réforme de la carte comptable et préconise « des comptables mieux sélectionnés, mieux formés, entourés par des équipes dédiées à la comptabilité et en nombre atteignant un seuil critique de compétence ».
La question des moyens conditionne, en effet, très largement la capacité des EPLE à répondre à leurs missions.
Notre ministère ne s’est emparé que d’une partie du rapport : la taille des agences comptables. Mais quid de la séparation fonctionnelle des ordonnateurs et des comptables, quid de la séparation des fonctions de gestionnaire et de comptable ?
Avons-nous l’assurance que ces pistes sont abandonnées où les verrons nous fleurir dans un avenir proche, d’autant que certains poussent dans ce sens ?
Pour les regroupements comptables, rappelons que les mesures envisagées ont des conséquences : perte de la fonction comptable pour les personnels, transferts d’emplois pour l’EPLE.
La mise en place de structures surdimensionnées éloigne les actes de gestion de l’usager et compromet les relations établies dans la communauté éducative.
Le doublement des masses financières gérées spécialise toujours plus les agents comptables alors que ce n’est qu’une partie de leur travail. Cela conduit à la déconnection de la mission comptable du fonctionnement des EPLE mais ne sécurise pas, de facto, les procédures financières.
Poser comme postulat qu’une structure importante est plus efficace, c’est méconnaître ce qui s’est passé récemment dans le secteur bancaire.
La vraie question est : quel est le sens de la mission comptable dans les EPLE ?
Pour le SNASUB la réponse est claire : pérenniser la fonction financière en garantissant un bon fonctionnement financier au plus près des usagers dans le but de répondre aux besoins du service public d’éducation en partant de l’unité de base sur le plan pédagogique : l’établissement.
C’est ce que nous défendons sur le plan syndical.
Nous sommes, en total désaccord avec la façon dont cette réforme est mise en place au niveau local : visiblement sans ligne directrice avec des revirements aussi spectaculaires qu’incompréhensibles.
Nous ne pouvons cautionner cette façon de gérer les EPLE parce qu’elle tourne le dos à l’intérêt des personnels, des usagers et du service public d’éducation.
Il faut mesurer le gâchis humain que représente le fait de retirer la comptabilité à des comptables et à des équipes confirmées qui n’ont pas démérité.
Parce que nous nous plaçons résolument sur le terrain de la défense des personnels nous renouvelons nos exigences maintes fois déjà exprimées tenant à la préservation des intérêts moraux, financiers et professionnels des personnels concernés.
Reste une question de fond : les dotations en personnels. A cet égard, la suppression dès l’année prochaine de près de 35 000 postes de fonctionnaires ne nous rend guère optimistes.
Nous touchons pourtant là le nœud du problème : comment demander aux collègues en place de faire plus – sans vraiment gagner plus ! – de faire mieux, sans jamais aborder la question, pourtant cruciale, des personnels, tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif ? Comment espérer une amélioration du fonctionnement des EPLE en alourdissant sans cesse les tâches qui leur incombent, gestion des fonds sociaux, voyages scolaires, transferts de tâches nombreux et variés, sans jamais se préoccuper des moyens mis à leur disposition pour y parvenir ?
La formation initiale et continue de l’ensemble des personnels affectés dans les agences comptables, en particulier, et d’une façon générale dans les EPLE est à repenser car il est indigne de voir le peu de place que notre administration accorde à la formation de ses personnels.