Quand l’inconscience des uns s’acharne sur le travail des autres
Les conditions de travail représentent pour tous les salariés ce qui constitue le socle du vécu d’une activité professionnelle, ce qui la rend sereine ou ce qui contribue à l’angoisse ou au stress. C’est donc sous cet angle que nous pouvons caractériser l’évolution des fonctions, des tâches et des missions.
Pour les personnels administratifs des EPLE au-delà des péripéties qui ont émaillé récemment l’introduction de nouveaux logiciels comme SCONET et qui n’ont pas facilité, loin s’en faut, la tâche de nos collègues, il n’est pas inutile de se remémorer les changements qui ont eu des conséquences ou qui ne manqueront pas d’en produire à l’avenir.
Les procédures d’affectation des élèves, les modifications de filières de formation, les obligations diverses imposées aux établissements, comme celle qui consiste à donner une place à tous les parents ( droit de vote aux élections par exemple avec envoi d’information même en l’absence de domicile séparé ), les diverses « nouveautés » qui ont peut-être un intérêt mais nécessitent un vrai travail administratif, de nombreuses réformes ont accru les difficultés vécues dans les secrétariats.
Ceci est d’autant plus ressenti comme une aggravation anxiogène de l’activité professionnelle que notre bonne et belle administration ne s’organise jamais autour d’une prévision suffisamment importante des changements et de leurs conséquences, qu’elle nie pratiquement systématiquement les inconvénients induits et s’abstient de toute évaluation d’une expérience avant sa généralisation.
Pour l’intendance ce n’est pas plus rose ; les différents secteurs de l’activité de gestion et de comptabilité sont lourdement impactés ( comme on dit aujourd’hui ) par les réformes ; elles ont comme principal effet d’obscurcir la lisibilité de l’action des personnels et parfois même le sens de leur mission.
La dernière décentralisation avec les missions dévolues de plein droit aux collectivités et avec la coupure entre personnels d’Etat et personnels employés désormais par celles-ci comporte des inconvénients majeurs que le SNASUB avait dénoncés dès l’origine de la réforme.
On pourrait citer également les « préconisations » concernant les contrôles internes comptables qui s’appuient sur une conception suspicieuse de l’action des personnels d’intendance, la mise en place des programmes prévisionnels de la commande publique qui alourdissent la procédure de mandatement sans rien apporter à la gestion, etc ….
Mais bien naturellement et sans que les usagers ne s’en aperçoivent systématiquement, ce sont les suppressions de postes et les regroupements de services ( comme la départementalisation des GRETA) qui sont à l’origine des dysfonctionnements les plus dommageables. La carte comptable qui annonce un alourdissement des tâches et, soyons en avertis, des conséquences néfastes à l’emploi, sera à l’évidence un autre élément de dégradation des conditions de travail.
Le rôle que notre syndicat s’assigne, c’est d’exiger une vraie concertation préalable à toute réforme, sans chantage ou marché de dupes, comme celui que certains ont conclu avec la PFR. C’est également d’obtenir tous les aménagements qui permettent aux personnels de vivre leur activité professionnelle dans le respect de leurs droits, dont un des plus importants est la sécurité physique et morale. C’est, pour l’avenir de combattre pour l’emploi public et la pérennité des postes, tant il est vrai qu’un service public de qualité ne peut s’accommoder d’un mouvement perpétuel de changement, aléatoire ou dévastateur.
Jacques Le Beuvant