Entre Valérie Pécresse et Nicolas Sarkozy, ça a été la surenchère dans les annonces.
Personne parmi la communauté universitaire ne comprenait vraiment à quoi il était fait référence, mais l’essentiel pour ce gouvernement c’est d’annoncer des millions d’euros pour épater la galerie.
Partout dans le monde universitaire, des réactions se font jour au fur et à mesure où les budgets sont soumis au vote des conseils d’administration.
Déjà une large majorité s’était exprimée au CNESER, contre le budget 2009.

Un gouffre entre les annonces du gouvernement et la réalité sur le terrain

L’annonce de 200 suppressions d’emplois pour cette année, et d’une programmation de nouvelles suppressions pour les années à venir marque un tournant pour les établissements du Supérieur alors qu’était reconnu jusqu’à présent un déficit de 5000 postes.
Les suppressions d’emplois vont particulièrement concerner les personnels BIATOS, avec en parallèle les transformations de deux emplois de catégorie C en un A et les regroupements dans le cadre de pôles vont donner l’occasion aux établissements de redéployer et supprimer des emplois techniques et administratifs.

Alors que les présidents d’université de la CPU avaient réclamé la modification des critères San Remo pour les attributions budgétaires, ce sont les universités déjà les moins bien dotées qui se retrouvent encore plus sanctionnées. Le nouveau système mal nommé
« SYMPA » est une manœuvre pour réduire les moyens, sans contrôle des élus dans les instances. Les universités de Lettres, Langues, Arts, Sciences Humaines et Sociales, les universités pluridisciplinaires, sont nombreuses à être mises en difficulté et se sentent abandonnées.
La suppression du fléchage spécifique des moyens des IUT est une première étape vers l’inféodation des composantes d’université aux présidents et vers un renforcement des inégalités entre composantes et selon les territoires.

Alors qu’est affichée une volonté de relever le niveau de formation des futurs enseignants (masterisation) les moyens pour les former sont diminués.

Un vrai tour de passe-passe

En fait il est très difficile de comparer ce budget avec ceux des années précédentes quand tout est globalisé. Ainsi, sont inclus les salaires, les charges nouvelles comme les primes d’encadrement doctoral et les allocations de recherche, mais également les mesures particulières comme le plan réussite en licence.
Difficile de s’y retrouver, mais quand les universités comptent, elles constatent qu’il va falloir piocher dans les crédits du plan réussite en licence pour pouvoir fonctionner…

C’est passé inaperçu !

De plus le contenu de la loi de finances rectificative pour 2008 annule des crédits de paiement de la recherche et de l’enseignement supérieur (Mission Interministérielle Recherche et Enseignement Supérieur) sur 2008 (crédits mis en réserve dans le budget initial 2008).
Le SNCS (Syndicat des Chercheurs de la FSU) rappelle que la loi de finances initiale pour la MIRES en 2008 était déjà en légère récession, avec une inflation autour de 3%, et qu’avec la loi rectificative, enseignement supérieur et recherche perdent 500 millions en 2008, soit 2,2%.
On peut craindre le même genre d’opération pour les « crédits mis en réserve » en 2009 … Et tous les organismes de recherche voient leur dotation diminuée en euros constants, hors cotisations retraites.

Refuser ce budget et la loi LRU

Les inégalités entre établissements, entre étudiants s’approfondissent avec la loi LRU. Les conditions de travail, l’individualisation des salaires et des carrières, la remise en cause des emplois de fonctionnaires d’Etat, généralisent la précarité (instabilité de l’emploi et de la rémunération, pressions hiérarchiques et politiques, etc..).

Exigeons :

  le rétablissement des postes supprimés et la création des emplois nécessaires à la titularisation des non titulaires et aux besoins

  le réengagement de l’Etat pour la rénovation des universités

  un plan d’action sociale pour les étudiants, dans une situation où les inégalités sociales s’accroissent

  le retrait de la loi LRU.
Au-delà des motions et des votes contre ce budget dans les diverses instances, il est indispensable que se développe une mobilisation unitaire, intercatégorielle, étudiants et personnels, contre ce budget mais aussi contre la loi LRU et ses conséquences désastreuses.

Tous ensemble, décidons en Assemblées Générales de construire la mobilisation et participons aux initiatives nationales.

Danièle Patinet